L’effondrement des ventes de produits pétroliers pendant la crise Covid-19 et la baisse significative des émissions y liée dans le bilan luxembourgeois permettra sans doute au Luxembourg d’atteindre ses objectifs climatiques 2020. Sur base de la réduction spectaculaire pendant la période de confinement, on peut estimer une baisse des ventes de produits pétroliers de 15 % à 20 % sur l’année 2020. En se rappelant que l’objectif annoncé de l’adaptation de la taxation des produits pétroliers est de limiter la vente de diesel aux transporteurs en transit dans l’objectif de compatibiliser les ventes de produits pétroliers avec les objectifs climatiques du Luxembourg, il n’y a aujourd’hui plus de « nécessité » d’actions politiques dans l’immédiat au niveau de la taxation des produits pétroliers, bien que, il faut le rappeler, des alternatives à la hausse des taxes existaient avant le début de l’état d’urgence. C’est certainement ce constat, ainsi que l’impact important des mesures de stabilisation et de relance économique sur l’équilibre budgétaire de l’État qui a amené le gouvernement à reporter sa décision d’augmenter les accises sur les carburants, annoncée pour le 1er trimestre 2020.
La crise Covid-19 réduit donc la nécessité de mesures additionnelles dans le secteur des transports à court terme pour l’atteinte des objectifs, mais aura significativement détérioré le climat d’investissement dans les entreprises. Au vu des circonstances et des incertitudes, de nombreux projets d’investissements se trouvent à l’arrêt. Afin que les entreprises puissent continuer à accompagner les ambitions politiques en matière de protection du climat, de nouveaux instruments d’aides à l’investissement sont donc incontournables.
À l’heure de la reprise, le gouvernement a réaffirmé ses ambitions climatiques en adoptant de nouvelles mesures de soutien pour préparer une relance économique durable. Ces aides aux investissements, par exemple dans le domaine de l’efficacité énergétique, ont le potentiel de générer des investissements anticycliques tout en augmentant la compétitivité des entreprises à long terme. Cependant, il faut prendre en compte que, pour certains secteurs d’activité, les politiques de relance dans une économie ouverte comme le Luxembourg peuvent s’avérer moins efficaces. En augmentant par exemple le montant de la prime d’achat pour l’achat d’une voiture électrique, cela n’aura actuellement guère d’impact sur l’utilisation des capacités de production dans l’industrie automobile au Luxembourg, qui est encore davantage tournée vers la technologie diesel, voire la technologie hybride. À ce stade, l’introduction d’une prime à la casse pour le remplacement d’un ancien véhicule aurait un effet de levier plus important.
Au final, il convient de trouver un juste équilibre entre une politique de relance ambitieuse d’un côté, et de surveiller de près l’évolution des finances publiques de l’autre côté afin de pouvoir consolider de façon pragmatique les ambitions climatiques avec la nouvelle situation économique, financière et sociale du pays.